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Pr René Yiou, chirurgien urologue, spécialiste des maladies et des dysfonctionnements de la vessie, de l’urètre et de l’érection

le 06/10/2022

Profession chirurgien urologue : Pr René Yiou, chirurgien urologue, spécialiste des maladies et des dysfonctionnements de la vessie, de l’urètre et de l’érection

Le Pr René Yiou, chirurgien urologue, a récemment intégré la Clinique Blomet (Ramsay Santé) située à Paris. Chirurgien expérimenté, il nous présente ses différentes expertises et le déroulé de son quotidien au sein de l’établissement.

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Pr René Yiou, chirurgien urologue, spécialiste des dysfonctionnements de la vessie et de l'urètre et des troubles de l’érection, notamment ceux qui surviennent après le traitement d'un cancer de prostate, dans le cadre du diabète ou d'une maladie neurologique.

J’exerce à la Clinique Blomet depuis trois mois.

 

Quel est votre parcours ?

Ancien interne des Hôpitaux de Paris, j’ai réalisé la majeure partie de mon cursus au sein de l’Université Paris XII.

Dès le début de ma formation (Internat de chirurgie des Hôpitaux de Paris, promotion 1993), je me suis orienté vers la prise en charge des maladies urologiques dites fonctionnelles. J’ai travaillé deux ans (2000-2002) dans l’équipe du Professeur Atala à la faculté Harvard Medical School de Boston afin de mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques pour l’incontinence urinaire et les troubles de l’érection. Ces traitements consistent à réparer les lésions à l’origine d'une dysfonction génitale ou urinaire en utilisant les propres cellules ou tissus des patients. J’ai ainsi pu conduire les premiers essais cliniques de biothérapie en urologie.

J’ai occupé la fonction de directeur du centre de recherches chirurgicales de l’hôpital Henri Mondor de 2011 à 2014 et j’ai été responsable de l’enseignement de l’anatomie et de l’urologie à la faculté de Médecine de Paris XII (UPEC) de 2002 à 2021.

 

En quoi consiste votre métier ?

Mon activité est orientée vers la prise en charge de deux pathologies urologiques fonctionnelles :

Les troubles sexuels organiques et en particulier les troubles de l’érection. Les principales causes sont les traumatismes chirurgicaux (ex : après prostatectomie radicale pour cancer de prostate), le traitement des cancers pelviens (ex : après radiothérapie pelvienne), les pathologies neurologiques, vasculaires (artériopathie), la maladie de Lapeyronie, le diabète ou la drépanocytose.

L’incontinence urinaire de l’homme et de la femme et les prolapsus pelviens de la femme. L’incontinence peut être liée à une faiblesse du périnée ou une vessie hyperactive. Chez l’homme, l’incontinence urinaire survient principalement après traitement d’un cancer de la prostate. De manière générale, toute pathologie neurologique (ex : sclérose en plaques, AVC, maladie de Parkinson) peut être la cause d’un dysfonctionnement vésico-sphinctérien.

 

Pourquoi avoir choisi cette spécialité ?

L’urologie m’a toujours plu, car cette discipline combine un versant médical et un autre chirurgical. La chirurgie des troubles fonctionnels urologiques est laspect que jaffectionne le plus, car son approche est très anatomique. De plus, elle aide grandement les patients à retrouver une vie normale, alors que les troubles urologiques sont souvent considérés comme tabous et que certaines personnes n’osent pas en parler à leur médecin traitant.

 

Avez-vous un souvenir qui vous a marqué dans votre vie professionnelle ?

Je me souviens d’un cas particulier : un patient âgé de 76 ans qui à la suite d’un traitement chirurgical pour cancer de prostate a présenté des douleurs péniennes très intenses et ne pouvant être calmées par aucun antalgique y compris les morphiniques. Ces douleurs devenues chroniques et intolérables ont engendré des troubles du comportement, des menaces de suicide et d’automutilation, si bien qu’il a dû faire plusieurs séjours en milieu psychiatrique jusqu’à ce que l’on me sollicite pour voir si un traitement chirurgical pouvait être envisagé pour ces douleurs péniennes. Ne trouvant aucune explication, je me suis permis de demander un avis à une psychiatre de mon CHU, connaissant bien les douleurs psychogènes. Après plusieurs consultations, quelle n’a pas été ma surprise quand cette collègue m’a renvoyé le patient en me disant qu’il y avait pour elle une indication à une prothèse pénienne d’érection ! 

Cette intervention qui par ailleurs donne de très bons résultats peut néanmoins être douloureuse pendant plusieurs semaines et je ne voyais absolument pas ce qui pouvait la motiver dans le contexte actuel. Totalement réticent au début, j’ai fini par accepter après avoir compris que ce patient de 76 ans avait des rapports sexuels quotidiens avec son épouse avant la chirurgie prostatique (fréquemment pourvoyeuse d’impuissance totale). La perte des érections causées par cette intervention avait entrainé un tel bouleversement dans sa vie de couple qu’il en avait fini par se représenter son pénis comme un organe inutile et douloureux. 

J’ai donc pratiqué l’intervention. Il a fallu admettre cette fois ci que l’indication chirurgicale d’une prothèse pénienne avait été très subtilement posée par une psychiatre et non par un urologue pourtant spécialiste de l’intervention. Les douleurs ont cédé le lendemain de l’intervention.

Ce cas extrême illustre plusieurs choses : la sexualité peut être présente à tous les âges de la vie. Un trouble de la sexualité peut être difficile à exprimer tout en altérant gravement la qualité de vie. La prise en charge doit parfois être multi-disciplinaire et explorer toutes les dimensions de la sexualité.

 

Comment aimeriez-vous voir évoluer dans votre métier ?

À l’avenir, j’aimerais qu’il y ait une véritable approche pluridisciplinaire dans le parcours de soins du patient en chirurgie urologique. Dans le cadre du suivi pré et postopératoire, j’appelle de mes vœux une coordination des soins entre les différents professionnels de santé – psychiatres, sexologues, endocrinologues, gynécologues et urologues – pour un rétablissement optimal.

Portrait Pr Yiou